CONFERENCE à 20h30 au Centre Culturel en présence d'Arnaud Baumann et Rock Lorente.
Arnaud Baumann, ce n’est pas un photographe. Arnaud Baumann, c’est beaucoup de photographes. Il y a les Baumann photographes-compositeurs, inventeurs d’univers, créateurs de formes en studio, metteurs en scène de corps en situation, avec des fumées, des projections, des taches de couleur incroyables. Et puis il y a les Baumann traqueurs, chasseurs-cueilleurs d’ombres et de lumières traversant les plus vivants des êtres.
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Toute sa vie, Arnaud Baumann a alterné les photos posées et les photos spontanées, de sorte que les deux se sont sans cesse nourries l’une de l’autre.
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Mais surtout, il y a ces séries qui strient sa vie d’artiste… Après Hara-Kiri, toute l’activité du Palace poursuivie comme un autre monde à l’intérieur du monde… Arnaud Baumann a réalisé des séries de photos successives, porteuses d’un style et d’une idée qu’il va tester, explorer, intensifier, puis abandonner.
Les modèles de Baumann offrent leur nudité dans Carnet d’adresse en 1984. Ils affrontent leurs tabous dans Sacrilèges en 1985. Ils assument leurs visages ridés et leurs sourires plein d’expérience dans L’Age du siècle en 1990. Ils se laissent capter par le numérique dans les Vidéocaptures de 1992. Ils perdent leur ancrage dans le monde réel dans Projections privées des années 2000. Ils se noient l’espace d’un court instant pour Eau secours en 2008. Ils perdent l’équilibre dans La chambre blanche des années 2010. La même décennie, ils renoncent jusqu’à leur intégrité physique dans Excentricités ordinaires où toutes et tous se retrouvent découpés, recadrés, installés, objectivés, muséifiés.
(Extraits de « La conférence Baumann » par Pacôme Thiellement, essayiste et philosophe)