Deniz Çakmur

Lieu n°4 Cluny

Sur les bords de la Baltique.

Un sable blanc, fin, pur, tel qu’on le rêve sur un île du Pacifique. Cette étendue de sable s’étend à
droite comme à gauche à perte de vue. Seul un estuaire, une jetée vont couper cette plage sans
fin. Sur tous ces kilomètres, elle se glisse délicatement sous la mer, en pente très douce. A moins
que ce ne soit la mer, si calme, qui se pose sur le sable.
Aujourd’hui le ciel est uniformément gris et bas, si bas à vouloir se fondre au sable et la mer. L’air
est froid. La plage est balayée par un vent humide.
Quelques personnes bravent ce temps maussade, tant le lieu est beau et calme l’esprit. Que l’on
regarde la bande de sable infinie, que l’on regarde la mer, un sentiment de sérénité vous emplit.
Alors on se promène pour le plaisir d’être à deux.
On sort les enfants, l’air est si pur et vivifiant.
On est seul. Cet endroit force la contemplation.
Et puis vient la nuit et l’expérience ultime.
La seule lumière vient de cette petite ville dans mon dos que le froid et le soir endorment si tôt.
Au dessus de moi, le ciel gris uniforme fait un parfait dégradé de lumière. A mes pieds, une mer
de tout repos, aucun bruit de vague, à peine un clapotis tout proche se fait entendre. A ma droite,
Riga à 20 kilomètres, invisible, à ma gauche un banc de sable sans fin.
Mes yeux se font à l’obscurité, mais rien n’apparaît, le ciel, si bas, se fond avec la mer tout là-bas
dans un noir profond. Mon regard cherche à s’accrocher à un détail, une lueur, un repère.
Rien.
Je suis happé, absorbé, par ce noir encore jamais vu.

Impossible de discerner une ligne d’horizon. L’horizon est d’un noir absolu. Expérience absolue.